Et Noel sans jingle?

Décembre. Affolement sur la planète. Comme il est aisé, en ce mois agité, de différencier le bon chrétien des autres. Omniprésent sur nos ondes radios, jamais il n’a tant chanté avec son tambourin la bienfaisance des écrans plats, champagnes à prix choc et robots cuisine. Lance du jingle, Thierry. Monte le son sur les clochettes, l’audience se crashe. La grand messe du matin. L’encensoir divin et ses pluies de promotions, suspendu à 8h du matin au dessus des embouteillages de la ville.

Fidèle aux coutûmes, le bon chrétien suit rigoureusement la tradition de l’Avent. Quatre semaines? Beaucoup trop short, tapes-en six. Coup d’envoi des festivités mi-novembre, donc. Chargé, le calendrier. Le messie arrive : une porte de magasin à ouvrir chaque jour. Et pour ce faire, le bon chrétien est encouragé par de forts symboles pieux : figures imposées du grand barbu (l’autre) et autres peintures éphémères sur les vitrines des fastfoods, cafés de gare ou agences de voyages. Piéton transcendé. Berger assoiffé. Comment mieux vivre l’attente liturgique qu’équipé d’une Ice watch Christmas edition ou carbonnisé sur une plage au soleil.

Décembre enfin, mois clé pour l’enfant du bon chrétien. Souvent issu d’un milieu relativement aisé, l’enfant-roi manifeste sa foi par de précises prédications sur les miracles à venir sous les épines de l’arbre. J’ai pas l’iphone je me suicide après la Vienneta. Une fois le pain transformé en vin conformément à son enseignement, le jeune s’emmaillote et se couche sur la paille pour poster sa résurrection sur facebook.

Nul doute à avoir, donc. Rien n’a foutu le camp, héritage immuable. La société est incontestablement toujours bien connectée à l’interprétation religieuse de Noël. Jingle, Thierry, l’audience bordel ! Et c’est à nous de poursuivre la transmission de son origine. Vivez les fêtes avec Vandenborre! Mais voilà. Plus d’un devrait se rappeler que tout ne s’emballe pas avec de la ficelle scintillante. Surtout pas la culture générale. Clochette.

Pendant ce temps Saint Nicolas, première !

Alerte météo et alerte nic-nac : nous sommes le 6 décembre. Je surchauffe. Hystérie à son comble. Pour la toute première fois, c’est à nous de jouer. Complices du grand poilu à mytre, à nous de planter le décor, libérer cette fièvre de l’imaginaire et aligner les petits chaussons. Tu crois qu’il était temps? Je ronge mon frein depuis un mois. Oui, le mythe tourne à plein régime dans mon bourrichon. Attente éprouvante. Bouderie et souffle court devant ce foutu calendrier qui n’avançe pas et nous séquestre en novembre pour des milliers d’années. Je gobe les mouches. Je poireaute. Je saint-nicolasse sa race dans le vide.

Et force est de constater qu’une jeune mère dont la frénésie s’emballe ne fait plus appel au bon sens. Elle développe des irrationalités musicales (paroles de St Nicolas sur musique des Smiths). Ne questionne plus l’association mandarine-chocolat solidement dégueulasse en affaires courantes. Et collectionne les faux départs. Depuis des semaines, ses munitions sont prêtes dans les tranchées. Les premières lignes sont forcément déjà vidées, mal protégées et trop tentantes à distribuer.

Mais l’arme lourde est encore à venir. Nous attendrons la nuit de vendredi à samedi pour jouer les unités spéciales. Pour quitter la réalité le temps d’une promenade, la première, dans les coulisses d’un mythe. C’est bon, c’est beau, c’est folie bergère, et c’est après-demain. Alerte météo et alerte nic-nac : nous sommes le 6 décembre. Et je surchauffe.

Pendant ce temps, maladresse reigne.

 27 septembre 2012. Emballement. Un peu pressée, je rentre plus rapidement que de coutume au bercail. Il y a eu grande décision cette aprèm. J’ai décidé de ré-écrire. De défoncer la porte de ma vieille cave. Plus d’un an après l’avoir quittée. Je n’ai pas bouilli d’apathie depuis, non. Mais 2 détails absolument prévisibles ont plutôt fondamentalement modifié mon existence routinière : j’ai perdu un petit peigne à cheveux bleu marine, et je suis devenue la maman d’Ernest.

De ces 2 constats, seul un explique la légitimité de cet agaçant accident de la route survenu, certes, alors que je quittais le boulot. Impatiente et empressée à l’idée de retrouver la cave et mes bons vieux rites éditoriaux, je jette ma voiture à toute allure sur le chemin de la maison, stone d’excitation. Vite, écrire, rentrer, vite. Mais voilà. Depuis 9 mois, mes réflexes ne répondent plus à aucune logique. Aucune. Pour éviter de mouliner un hérisson pétrifié sur le macadam, avant,  j’aurais freiné. Décision sage. Et un peu emmerdante, aussi. Aujourd’hui, triomphale à toute épreuve, forte comme un tronc, je ne lâche plus rien et agis avec de nouvelles tripes, animales. Eviter la moulinette, oui. Freiner? Plutôt crever.

Pourtant si joviaux avant l’impact, ces cyclistes paient le prix. Mais qu’importe. Désormais, c’est comme ça. Et plus autrement. Tout est plus fou, tout est plus imprévisible.  J’ai le moral au dessus des sourcils. Je-suis-maman,  Et ce petit garçon m’a reformaté tout le disque. Finies les sensations molles, la normalité. Finies les émotions neutres, la lassitude honteuse, le sens du « ouaiiis, bof ». Maman, for God’s sake ! Fini le toc : place au brut. Au lourd. A cette émotivité qui échappe totalement à ma supervision. Hostia ! Un bonheur à m’empailler la figure. Place à l’ivresse et ses bien logiques maladresses. Lisez ceci comme un prélude à ce qui suit. La cave à vannes, c’est reparti ! 

Pendant ce temps, une fête quelconque..

Je suis allée dîner chez des amis hier. L’ambiance était parfaite. Y’avait tout le monde. Les habitués qu’on retrouve presque tous les soir, et puis les autres. Un tantet bruillant, ces soirées. Micheal était ingérable, hier. Il venait d’enregistrer une BO pour le film E.T, il n’en pouvait plus de bonheur. Il nous a fort gonflé avec l’écriture d’une comptine, une espèce de thriller qu’il imaginait avec 6 vieux potes déguisés en zombie. J’ai dit non. Chaque fois pareil avec lui. Pas deux minutes sans qu’on doive chanter du Disney, la main sur le paquet, pour un clip ou une pub. Déboussolant.

Du côté de Paul, grande forme aussi. On a eu droit à la feinte classique du parmesan rapé envoyé dans la bière de Ringo. Déjà vu, mais toujours plaisant. Avec Paul, c’est plutôt fort simple : si Liverpool a gagné la veille, il part en saucisse toute la soirée. S’ils ont perdu, il pleurt au piano. Hier, il avait bon, 5-3 qu’ils avaient fait. On les a tous les deux obligés à faire la vaisselle, parce qu’ils trichaient comme des cochons à Mille Bornes. Insupportables de mauvaise foi! La, quand j’ai pris la photo, ils jouaient à Il ou Elle. Paul ne trouvait toujours pas Elizabeth Taylor, qu’on avait tous deviné même de loin et d’une oreille molle. Il ne le faisait même pas exprès. Nous, on a bien ri !

Jeudi prochain, on remet ça, avant d’aller chercher le grand frisson au bowling. Je passerai prendre Michael après les scouts (à croire qu’il le fait exprès, il se perd toujours pour arriver au Ritz Bowling de Jette).  JJ Cale va encore râler de devoir porter les shoes vert et noir, mais nous foutra la raclée de notre vie sur le parquet! See you…

Pendant ce temps, des frères prennent la pose.

Il est des fratries surprenantes. A observer le malaise indéniable présent sur ce banc, tout laisse à croire qu’il s’agit là d’une après-midi pourrie de retrouvailles entre frangins. Oui, ces 4 frères se sont perdus de vue depuis la sortie du collège. Oui, leur père a eu l’idée de génie de les réunir après 20 ans de fuite libre dans la nature. Mais qui sont-ils vraiment ? Dans le désordre, à vous de jouer !

L’un d’eux manifestait un gros penchant pour les blondinettes et la pêche au saumon dès les mouvements de jeunesse. Dont il a été renvoyé 4 fois. Exilé dans le grand nord depuis ses 17 ans, il ne se déplace qu’en clarck. Et porte des marcels jaune et bleu, offerts par son employeur aux 4 lettres bien connues.  En cas de colère, il peut réduire des krisprolls à l’état de poudre de la simple pression de ses doigts.  Rien à foutre des retrouvailles, mais il sourit sur la photo.

Un autre fut adopté tardivement. Les parents attendaient une jolie petite fillette mexicaine. Quelle ne fut pas leur surprise en accueuillant dans leurs bras un garçon de 11 ans.  Intégration difficile, surtout lors du premier repas familial. Le chili con carne  lui fut servi dans une assiette en carton laissantt apparaître : Bienvenida, querida florita.  A 13 ans, notre aztèque avait déjà volé ses parents et pris la fuite pour retrouver le soleil mexicain. Rien à foutre des retrouvailles, mais il sourit sur la photo.

Le troisième est arrivé en voiture du Portugal. Une voiture pleine à craquer de chorizo et de croquettes de morue, donnant le tournis à Fernando et Daniella, les enfants nés de son premier mariage avec Maria Rodrigues de Sosa. En attendant de gagner l’euro million, il tient une chaîne de salons de coiffure.  Ses pantalons sont coupés sur mesure. Car court sur jambe. Rien à foutre des retrouvailles, mais il sourit sur la photo.

Le dernier affiche un sourire de golden boy depuis ses 7 ans, année de sa médaille d’or communale au concours d’orthographe de la ville. Pendant que ses frères draguaient ou démontaient des voitures, celui-ci écrivait des poèmes à son prof de gym. Expatrié en Allemagne pour des raisons inconnues, il gère actuellement les finances de son compagnon Franz, viticulteur dépressif sur les bords du Rhin. Rien à foutre des retrouvailles, mais il sourit sur la photo et apprécie discrètement le contact physique exigé par ce cliché.

Ce qui me semble certain, c’est qu’il n’y a eu qu’une seule prise. Et je suis enchantée d’avoir mis la main dessus !

Pendant ce temps, dans le centre de Tokyo.

L’asiatique en a gros sur la patate. Et je le comprends. Baigné dès la naissance dans la culture zen, il s’efforce de pratiquer la méditation sous toutes ses formes, en toute circonstance. Approximative à l’âge de 5 ans, hésitante à l’âge de 15 ans,  consciencieuse et plus systématique par la suite. Par conséquent, il ne se passe plus 10 minutes dans la vie de notre cousin asiatique sans qu’il ne soit illuminé de l’intérieur. Ou qu’il ne tente de l’être.  Une méthode anti-stress fastoche. On l’y force depuis son plus jeune âge.

Ceci dit,  la méditation pratiquée trop longtemps ou trop intensément peut conduire à certains problèmes moteurs : la paralysie. Ces dysfonctionnements d’ordre physique surviennent sans symptômes préalables. Une minute d’innatention, un trébuchement, un rire trop gras, une pensée honteuse, … et clac ! C’est foutu ! La zennitude s’échappe instantanément pour laisser place à la confusion la plus totale. Tout part en vrille ! Oh sombre merde. Une montée de stress inuïe envahit alors le sujet. Le corps tout entier se contracte. Toute l’anxiété évacuée en plusieurs années remonte à la surface et se loge en un point corporel. C’est le chao : blocage total pouvant durer de 2 minutes  à un petit quart d’heure. 

L’asiatique rencontre ces effets secondaires en moyenne 2 fois par an. Impuissant et über-crispé, le pauvre n’a d’autre choix que d’attendre … que ça passe.  Une fois la contraction terminée, le sujet se remet à marcher et interagir normalement. 

Si le touriste ne peut cacher son étonnement devant tel syndrome, l’oeil averti des locaux n’y prête par contre plus attention. Tous y sont passés ou y passeront. La zennitude et l’accès à l’illumination de l’esprit ont un prix. Le voici. Témoignons leur nos encouragements, tout en reprenant notre sérieux quand-même.